Grains de lumière
Cette série retrace des impressions visuelles qui renvoient à des paysages familiers. Saisis dans la maison familiale, ces instantanés témoignent du désir de photographier la picturalité de la lumière. Le polaroid réanime ainsi le souvenir d’une certaine qualité de lumière.
Tout de suite. Une seule fois.
Le polaroid. Un savant mélange de magie et de science qui l’anime. Il permet de créer des images aux particularités étonnantes : flou, grain exacerbé, lumière picturale... Je photographie alors essentiellement les intérieurs des maisons qui me sont familiers et évoquent mon enfance. Impressions de jours heureux passés, béatitude d’instants d’autrefois. Le temps passe. Notre regard d’enfant s’estompe, tend à s’effacer. C’est une évidence. On ne pose pas le même regard sur les personnes, les choses. Les lieux renaissent également différemment, un peu fades peut-être certains jours… jusqu’à l’entrée en matière de la lumière. Elle nous livre ses trésors. Poétisation des instants vécus. Lumière ravivée d’un temps assoupi. A l’image des pictorialistes, je m’attache à représenter mon environnement d’un point de vue émotionnel. J’intercepte avec le polaroid une matière palpable d’un ressenti.
Photographier est alors un acte d’amour, en réciprocité immédiate avec le polaroid. C’est pourquoi on choisit toujours avec la plus grande attention ce que l’on photographie. Et pour quels motifs sinon ceux qui nous sont familiers, ceux dont nous sommes déjà amoureux, éprouve-t-on le besoin, le désir permanent de photographier ? Mes amis me font souvent remarquer que je photographie toujours les mêmes choses, les mêmes lieux. Tout me ramène vers là où je suis déjà. La maison est devenue cet emblème du familier.
Entre peinture, sculpture et photographie, le polaroid reste un objet physiquement inouï. De la miniature à la forme tableau, sa matière, son épaisseur photographique s’accroît pour offrir aux regards une autre approche du familier.
Très influencé par l’impressionnisme, le pictorialisme donne une représentation émotionnelle de la nature. Le paysage devient alors un « paysage d’atmosphère et de sentiment ».[1]
[1] K. LOWIS,La Photographie Pictorialiste en Europe 1888-1918, Editions Le Point du jour, Musée des Beaux-Arts de Rennes, 2005.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire